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La réalité

Depuis deux ou trois ans, les acteurs environnementaux ont pu avoir l’impression que juguler la pollution plastique des océans était en passe de devenir une réelle priorité politique mondiale. Que plus aucun Etat, plus aucune institution internationale, plus aucune entreprise, plus aucun consommateur ne doutait de l’urgence des mesures à prendre pour préserver l’Océan et ne remettait en question le fait que ces mesures doivent être drastiques.

Entre le One Ocean Summit, le World Ocean Summit, les conférences Our Ocean, le congrès mondial de l’UICN, les dernières COP climat et biodiversité, le début des négociations pour un Traité international contre la pollution plastique prévu pour 2024, les initiatives et les engagements ont eu tendance à se multiplier au cours des derniers mois. Certains ont ainsi pu céder à la tentation de croire : « ça y est, les lignes bougent, les avancées s’accélèrent, on y est arrivé. On va couper le robinet du plastique à la source et prendre le sujet de la restauration des écosystèmes marins à bras le corps. » 

Une étude de la fondation australienne MINDEROO, publiée en janvier 2023, s’est chargée de nous rappeler la triste réalité. Elle titrait : « Les déchets plastiques à usage unique ont augmenté de 2019 à 2021 malgré les engagements pris ».  

On y apprend notamment que la production de plastique à usage unique polluant a augmenté de 6 millions de tonnes par an entre 2019 et 2021 malgré des réglementations mondiales plus strictes, les producteurs faisant « peu de progrès » pour s’attaquer au problème et stimuler le recyclage. Bien que la croissance ait ralenti sur cette même période, la production de plastique à usage unique à partir de sources de combustibles fossiles vierges est encore loin d’avoir atteint son pic, et l’utilisation de matières premières recyclées reste « au mieux une activité marginale », indique l’étude. Environ 137 millions de tonnes de plastiques à usage unique ont été produites à partir de combustibles fossiles en 2021, et ce chiffre devrait encore augmenter de 17 millions de tonnes d’ici 2027, selon les chercheurs. 

Selon cet autre index, 380 millions de tonnes de plastiques ont été produites l’année dernière dont 50% pour des produits à usage unique !

La conclusion s’impose : la crise des déchets plastiques va s’aggraver considérablement avant que nous n’assistions à une baisse absolue, d’une année sur l’autre, de la consommation de plastique vierge à usage unique. 

Pourtant, ces plastiques à usage unique sont reconnus aujourd’hui comme l’une des menaces environnementales les plus pressantes au monde. De grandes quantités de déchets sont enfouis dans les décharges ou incinérés. Près d’un tiers (32%) sont déversés sans traitement dans la nature, les rivières et les océans. Les impacts sur la biodiversité, la santé, l’économie, le réchauffement climatique sont dramatiques.  

Il y a quelques jours, la carcasse d’un grand cachalot s’est échouée sur une plage d’Hawaï. L’animal mesurait 17 mètres et pesait 54 tonnes. Cause du décès : son estomac était rempli de déchets en plastique. Les corps étrangers obstruaient son système digestif, l’animal n’a pas pu se nourrir. Il est mort de faim. 

En décembre, des millions de billes de plastiques appelés « larmes de sirènes » sont venus souiller les côtes de la Vendée, de la Loire-Atlantique et du Finistère. 230 000 tonnes de ces granulés se retrouvent en mer chaque année à cause des containers perdus. 

Alors quoi, on se décourage ? On se dit qu’il ne à sert rien de se battre ?

Evidemment, non. En réalité, le combat ne fait que commencer et c’est maintenant que nous devons, plus que jamais, être inventifs et en première ligne. 

Face à l’ampleur du phénomène de la pollution plastique qui, loin de faiblir, ne fait que s’intensifier, nous refusons de baisser les bras et de nous résigner. Céder à l’immobilisme, affirmer que tout ce qu’on peut tenter pour endiguer ce flux ininterrompu de déchets est dérisoire, c’est faire le lit de l’éco-anxiété. Nous refusons de céder au fatalisme.  

Extraits de « The Sea Cleaners »

"The SeaCleaners" est une association loi de 1901 d'intérêt général de protection de l’environnement ciblant la pollution plastique marine.

Fondée en 2016 par Yvan Bourgnon, navigateur franco-suisse, elle est basée à La-Trinité-sur-Mer, en France.

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