Oiseaux de nos jardins

Martinet noir, verdier d’Europe... En 10 ans, l’Observatoire des oiseaux de jardin a constaté un déclin de 41 % des populations au printemps en France.

 Ce chiffre est celui calculé par l’Observatoire des oiseaux des jardins, un programme de sciences participatives lancé en 2012 par la LPO, le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et l’Office français de la biodiversité, qui parle d’un bilan alarmant.

Pourquoi une telle disparition au printemps ?

La présence du martinet noir, par exemple, s’est réduite de 46 % depuis 2013. Une baisse qui peut notamment s’expliquer par les réaménagements de façades dans les villes. « Cela obstrue les cavités, où nidifient les oiseaux », précise Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.

Autre explication : la disparition des insectes, principale ressource alimentaire de cet oiseau au plumage sombre, en raison de la généralisation de l’usage des pesticides et de la dégradation des habitats naturels. Même cause pour le verdier d’Europe, dont la population a baissé de 46 % au printemps depuis 2013, ou les mésanges bleue et charbonnière (- 17 %). « L’agriculture intensive est responsable, rappelle Allain Bougrain-Dubourg. Et ce n’est pas nous qui le disons, c’est l’IPBES [la plateforme des Nations unies sur la biodiversité]. »

Le président de la LPO l’affirme sans détour : si nous voulons préserver ces populations, nous devons « revisiter notre mode de vie ». « C’est un changement de paradigme sur les thèmes de l’agriculture intensive, de l’artificialisation des sols… ».

À l’inverse, en hiver, la fauvette à tête noire enregistre une hausse de 57 % depuis 2013. C’est même + 83 % pour le chardonneret élégant.

« Cela s’explique parce que ce sont des oiseaux qui sont originaires du Nord ou des pays de l’Est, et qui viennent d’une certaine manière se réfugier chez nous », profiter d’hivers de plus en plus doux, indique Allain Bougrain-Dubourg. Au lieu de descendre davantage au Sud, et de se répandre dans les campagnes comme ils pouvaient le faire il y a quelques décennies, ils privilégient désormais les jardins dans les zones nordiques où ils trouvent davantage de ressources alimentaires (insectes ou mangeoires artificielles installées par des amoureux des oiseaux).

« En Grande-Bretagne, nos collègues ont constaté qu’il y avait de plus en plus de fauvettes à tête noire qui passaient l’hiver chez eux, raconte Benoît Fontaine, chercheur au Muséum national d’histoire naturelle. Ils ont réussi à relier ça au nourrissage : là-bas, il y a énormément de jardins avec des mangeoires. Cela a probablement modifié le comportement des fauvettes qui, au lieu de faire un long voyage risqué, restent dans les zones nordiques où elles sont sûres de trouver de la nourriture. Cela leur permet de revenir plus vite à leur zone de nidification au printemps. » À tel point que des modifications morphologiques sont observées chez les fauvettes qui restent au nord de l’Europe : un bec qui change de forme pour se nourrir plus facilement sur les mangeoires, des ailes dont la taille diminue…

Toutefois, prévient le chercheur, même si davantage d’oiseaux sont recensés en hiver, cela n’atténue pas la situation dramatique au printemps : « L’hiver, il y a des interférences avec d’autres facteurs, liés notamment au changement de comportement des oiseaux. Alors qu’au printemps, on obtient les "vrais chiffres" des populations françaises d’oiseaux. » 

Donc, un déclin de 41 % en dix ans !

Extraits de « Reporterre »

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